La plasturgie, ou transformation des matières plastiques, est un secteur en pleine effervescence. En 2019, 368 millions de tonnes de plastique ont été produites dans le monde contre 359 millions en 2018 (source : Plastics Europe). Bien que le plastique présente de nombreux avantages, la croissance exponentielle de sa production pose des problèmes sanitaires et même géopolitiques de collecte et de gestion des déchets. Pour y remédier, les contraintes réglementaires se font plus strictes, poussant les acteurs du secteur à se réinventer. L’attente grandissante des parties prenantes d’alternatives plus respectueuses de l’environnement et la pénurie mondiale de matières premières sont également des contraintes pesant fortement sur l’industrie. Pour autant, ces phénomènes présentent aussi un vivier d’opportunités.

Entre innovations et nouvelles technologies, les acteurs français s’emparent du marché international. Pascal GALLI, Chef de projets Plasturgie, Composites chez Business France, nous éclaire sur les tendances du secteur et les régions d’attractivité. 

Des contraintes créatrices d’opportunités

La filière du plastique rencontre de nombreux défis à l’échelle internationale : réglementations, gestion du recyclage, pénuries, etc.

Premièrement, les contraintes réglementaires ont un impact lent mais crucial pour le développement de la plasturgie. En France, la loi AGEC (loi Anti Gaspillage pour une Economie Circulaire) vise à limiter les déchets en sortant du plastique à usage unique et en informant davantage les consommateurs. Elle acte également la stratégie nationale de réduction, de réutilisation et de recyclage des emballages en plastique (dite « Stratégie 3R »). En Europe, depuis 2017, le Règlement REACH sécurise la fabrication industrielle des substances chimiques en contrôlant les substances sur le marché européen. Par ailleurs, les dangers de certains additifs cancérigènes et de microplastiques absorbés via l’alimentation sont de plus en plus connus : les actions des lobbies antiplastiques se multiplient.

La filière plastique souffre de plus de pénuries de matières premières et de main d’œuvre. Avec un coût en hausse de l’énergie produite en Russie et des difficultés d’acheminement des matériaux produits en Ukraine, la guerre a récemment fortement perturbé le secteur.

Concernant le recyclage, il est important de noter que la Chine et ses pays voisins, principale destination des déchets plastiques, ont fermé leurs frontières au reste du monde (et notamment aux pays occidentaux) pour les déchets plastiques depuis 2018 : des conteneurs de déchets sont renvoyés vers l’Europe qui ne gardait auparavant que les plastiques valorisables. Effectivement, la mauvaise gestion de la collecte des déchets, l’insuffisance du tri ainsi que la grande variété de typologies de plastique compliquent grandement le processus de recyclage. De plus en plus de programmes de recherche régionaux, nationaux ou internationaux visent ainsi à faire émerger de nouvelles technologies pour faciliter le recyclage des matériaux plastiques.

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Les acteurs internationaux et français

Aperçu du marché mondial

51% du plastique dans le monde est produit en Asie (dont 31% en Chine), 19% sur le continent américain et 16% en Europe (avec l’Allemagne en tête concernant la production et la consommation). Sur le continent européen, l’emballage (~40%), la construction (~20%) et l’automobile (~10%) sont les principaux secteurs utilisateurs de plastique.

Deux stratégies d’exportation se distinguent : celle de viser des marchés « de volume », comme la Chine, les Etats-Unis ou l’Allemagne, ou bien celle de répondre à une demande locale, comme proposer du matériel médical dans les pays nordiques demandeurs.

Jetons un oeil au secteur français

La France bénéficie d’un écosystème de qualité dans la filière du plastique, issu d’une histoire d’ingénieurs chimistes et de grandes sociétés, avec des acteurs comme Polyvia (Union des transformateurs de polymères), l’IPC Centre Technique Industriel depuis 2016 (innovation plastique et composite) ou encore le pôle de compétitivité Polyméris.

La filière plasturgie française représente 3200 sociétés, avec en moyenne une trentaine de salariés par entreprise, des activités très techniques et des expertises pointues (extrusion, injection, impression 3D, thermoformage…), un savoir-faire reconnu sur la scène internationale !

Quelles sont les tendances du secteur français ?

Les tendances du secteur français visent à répondre aux nombreuses contraintes du contexte global international et national.

  • Côté recyclage, des filières REP (Responsabilité élargie des producteurs) comme Citeo et des filières de collecte par typologies homogènes de plastiques sont en création en même temps que des efforts sont fournis pour faciliter l’incorporation des matières premières recyclées dans les produits plastiques. Les recycleurs tentent donc de capter des gisements à recycler alors que les grands groupes essayent notamment de recycler leur propre matière (ex : automobile).
  • Côté médical, le plan de Relance France 2030 a consacré 400 millions d’euros pour le secteur français du dispositif médical et du diagnostic in vitro. Dans ce cadre, ces fonds ont permis de relocaliser certaines productions, comme celle de la société Cair LGL qui va rapatrier ses lignes de production de Tunisie en France pour produire ses prolongateurs de perfusion.
  • Côté formation, les initiatives s’accélèrent. 5 leaders français de l’emballage plastique (Albéa, Aptar, Texen, Medicos et PRP Création) sont par exemple en train de créer ensemble un nouveau BTS plastique et composites dédié principalement à la cosmétique pour faire face à la pénurie de main d’œuvre.

Quelles sont les forces du secteur ?

Forts de cet écosystème d’excellence (sociétés, laboratoires, étudiants en matériaux), les investissements abondent pour faire émerger de nouvelles sociétés et de nouvelles technologies : impression 3D, nouveaux matériaux, dispositifs médicaux de pointe, modélisation, industrie 4.0, plastronique (insertions de fonction électronique dans le plastique), chimie de spécialité, etc.

Nous assistons à une explosion des technologies pour créer de la valeur (financière, médiatique, technique) et de la différenciation (face aux plastiques basiques des pays à très faible coût). Ces innovations permettent de continuer des productions de niche, très techniques, à l’échelle humaine (PMI françaises de petite taille) face à des géants asiatiques ou américains. Voici quelques exemples français :

  • La société française EMI (Etude Moule Injection), spécialisée dans l’injection (61 presses à injecter) a investi dans une usine 4.0, dans des pièces techniques d’injection et de surmoulage des thermoplastiques chargés en fibre de verre, notamment pour des pièces de sécurité pour Porsche.
  • Arkema est un acteur français majeur de la chimie du plastique avec des savoir-faire reconnus.
  • La société française Calyxia, start-up passant de 5 à 30 salariés en 3 ans, grâce à des levées de fonds de plusieurs millions d’euros, est spécialisée dans les microcapsules biodégradables et biosourcées grâce auxquelles des ingrédients actifs plus sûrs et moins nombreux peuvent être utilisés pour améliorer le rendement des cultures, de la protection à la nutrition des plantes.
  • La start-up française Cycl-ADD permet de recycler des déchets considérés « non recyclables » destinés à l’enfouissement ou à l’incinération.
  • L’ADEME et le Conseil Régional de Normandie investissent respectivement 62 millions et 35 millions dans la plus grande usine mondiale de recyclage moléculaire de Polyester issue d’emballage ménagers et de déchets textiles. Cette usine du groupe chimiste américain Eastman s’implante en ce moment en Normandie pour 850 millions d’euros.
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Les événements internationaux pour remporter des parts de marché

Les acteurs et pays émergents du marché

Les salons sont un moyen particulièrement efficace de promouvoir les technologies françaises qui touchent plusieurs secteurs applicatifs. Par exemple, un mouliste peut faire des moules pour des pièces de sport ou d’industrie ; un fabricant de panneaux de composites peut s’adapter à des contraintes de décoration intérieure, etc… L’exportateur français est donc parfois surpris de la diversité des besoins auxquels il peut répondre ! Business France vous présente ici les grands événements internationaux des marchés de volume :

  • En Allemagne, le salon K2022 est le plus important salon de la plasturgie, avec un rayonnement intercontinental. Il couvre toute la filière, de l’amont (additif, matière) aux produits finaux, en passant par les machines et accessoires.
  • En Chine, premier pays producteur de plastique au monde, le salon Chinaplas attire tous les pays asiatiques de par le volume d’import/export généré dans la zone.
  • En Inde, le salon PlastIndia à New Delhi a lieu tous les 3 ans. Il sert de point central de rendez-vous à tous les industriels du pays pour rencontrer les acteurs majeurs (achats/ventes).
  • Le salon Américain NPEest le principal salon du plastique aux Etats-Unis, idéal pour rencontrer des prospects d’un secteur ou lieu géographique spécifique (distributeurs de toutes tailles, de tous les Etats, de tous les secteurs) et ainsi avoir une prospection ciblée sur la demande d’un utilisateur américain. Le salon des composites CAMX, salon annuel tournant entre la côte Ouest (Los Angeles) et la côte Est (Orlando) en passant par le Texas ou Atlanta, permet par ailleurs de balayer plusieurs zones américaines et de promouvoir les produits français auprès de clients très différents.

Au-delà de ces salons, n’oubliez pas que les experts de Business France présents dans plus d’une centaine de pays avec leurs bureaux et leurs partenaires locaux peuvent vous accompagner dans vos projets de développement à l’international : Business France propose des mises en relation, des informations et études, des solutions RH (volontariat international en entreprise alias VIE), etc.

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