Le transport maritime est l’un des plus anciens modes de transport.

En France, les entreprises possèdent surtout des compétences navales et militaires à forte valeur ajoutée. Sa filière maritime occupe :

  • le 6ème rang sur le marché mondial
  • la 2ème place en Europe.
  • 42 000 salariés produisent un chiffre d’affaires de 9,5 milliards d’euros, dont 95% est réalisé à l’export.

Sur son marché, deux grands groupes dominent (Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique).

Aujourd’hui le secteur connaît un défi de taille à l’échelle mondiale : la crise climatique et environnementale. Elodie Morin-Rager, Cheffe du service logistique et transport de Business France nous explique les grandes tendances et innovations du secteur.

image d'illustration : export via les transports maritimes

Quel est le plus grand défi du transport maritime aujourd’hui ?

Le principal sujet du secteur est sa décarbonisation ou son chemin vers une activité plus vertueuse envers l’environnement. Les carburants utilisés et leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) polluent énormément et les ports sont notamment les premiers à souffrir de cette pollution. Ensuite les eaux de ballast et les objets flottants non-identifiés constituent également une source de pollution importante.

En plus de sa forte contribution au changement climatique, le secteur du transport maritime doit s’y adapter car il en est directement touché. Les tempêtes et cyclones s’intensifiant dans certaines régions du monde en raison du dérèglement climatique, certains navires sont alors contraints de modifier leur itinéraire.

Pour répondre aux défis, le secteur doit donc innover pour s’adapter.

chiffres relatifs à l'export des transports maritimes

Figure 1 : 95% des commandes mondiales sont réalisés dans trois pays asiatiques

image d'illustration : décarbonisation

Quelles sont les innovations du secteur en matière de décarbonation ?

Plusieurs innovations voient le jour, notamment le recours aux carburants moins émetteurs de GES. Par exemple la propulsion vélique, à savoir les bateaux à voile, permet d’éliminer les émissions des carburants. Néanmoins, il n’est pas encore possible de recourir à cette solution sur un cargo à voile en raison de son poids trop important.

La deuxième alternative de carburant déjà développée est l’électricité. Cette solution s’applique notamment bien au transport de personnes sur une courte distance, par des ferrys. En Norvège, des ferrys électriques sont déjà en fonction et en France, la start-up Neptech a aussi conçu des solutions pour les utiliser lors de courts trajets en bateaux bus.

Ensuite, beaucoup d’espoir repose sur le Gaz naturel liquéfié (GNL), solution de carburant qui se développe de plus en plus. L’une des plus grandes entreprises de transport maritime, CMA CGM, fait partie des premières à prévoir d’alimenter une partie de leur flotte au GNL et certains navires autonomes le font déjà.

La quatrième solution en développement est l’hydrogène. Cette technologie, bien que capable d’alimenter un cargo et assez décarbonisée, nécessite encore des ajustements pour être véritablement utilisable sur le transport maritime. Son stockage nécessite en effet beaucoup plus d’espace que disponible. Pour répondre à ce défi, des solutions de stockage combinées avec de l’ammoniac sont actuellement en développement par certaines entreprises.

Quelles sont les autres innovations du secteur des transports maritimes ?

Les infrastructures portuaires sont un autre domaine ou le poids de l’innovation est élevé. Les ports sont des grands ensembles de terres artificialisées et très pollués car les cargos restent souvent à quai, moteurs tournants lors du déchargement. A l’avenir, les ports pourraient accueillir sur les quais des bornes électriques et d’hydrogène ainsi que des solutions d’intermodalité, à savoir des rails qui permettraient l’acheminement des marchandises jusqu’aux quais. En plus des idées de green ports et smart ports, d’autres questions se posent sur l’optimisation du temps de déchargement des cargos à quais ou encore sur les flux d’avitaillement et de marchandises.

Des innovations numériques sont également présentes dans le domaine de la surveillance et de la sécurité maritime. Ici, le transport maritime peut être directement lié à l’industrie aérospatiale qui met à disposition des solutions de géolocalisation des bateaux par satellite. Ces mesures de surveillance produisent énormément de données qui doivent ensuite être analysées pour être une véritable valeur ajoutée.

Enfin, certaines innovations se font sur directement sur l’équipement des cargos, comme les panneaux solaires pour un ravitaillement en énergie propre ou des solutions hydrauliques de production d’énergie. Tout cela peut réduire l’empreinte environnementale des bateaux et donc permettre de décarboniser le secteur.

Illustration : Transports maritimes innovation

Quels sont les marchés des transports maritimes innovants sur lesquels se tourner ?

Si 95% du chiffre d’affaires est déjà réalisé à l’export, il reste un grand nombre de marchés qui présentent des opportunités pour les entreprises françaises souhaitant se développer :

1. L’Europe

  • En Europe, la Finlande est un des leaders du marché mondial. Avec un fort appui sur son expertise en chantiers navals, le marché développe aussi des solutions de carburant responsable et autonome ;
  • De son côté, la Norvège est le pays avec le plus de ferrys électriques et le plus de bateaux alimentés en GNL ;
  • Ces innovations en termes de smart ships et green ships sont également poursuivies par le Danemark et le Portugal.

2. L’Amérique du Nord et du Sud

  • De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis sont à la fois leader du marché et en forte croissance. Le marché se dirige surtout vers le développement des infrastructures portuaires et de l’éolien offshore ;
  • Le Brésil avec ses 7500 km de côtes est un pays en plein développement sur le marché, où l’offre française est pour le moment peu représentée. Le marché brésilien dispose en particulier d’une expertise dans la logistique portuaire (solutions numériques, cybersécurité, opérations portuaires).

3. L’Afrique

  • Trois pays africains émergent actuellement sur le marché : Le Kenya, la Tanzanie et le Sénégal ;
  • Le Kenya dans sa fonction de porte d’entrée dans l’Afrique de l’Est, possède de très grands ports comme Mombasa, Shimoni et Kisumi. Le pays y développe une expertise de logistique et de sécurité portuaire ;
  • La Tanzanie jouit du même développement, grâce à son accès à la mer qui constitue un point de repère important pour six pays enclavés. Avec Dar El Salam, le pays possède déjà un carrefour majeur et en développe encore d’autres ;
  • Enfin, le Sénégal est également en forte croissance grâce à son marché sur le secteur portuaire où Dakar se positionne comme port stratégique.

4. L’Asie

  • Le marché asiatique est piloté par deux leaders : l’Inde et l’Indonésie. En Inde, des projets d’infrastructures de GNL sont prévus et en Indonésie des projets plus respectueux de l’environnement émergent. Alors que certains groupes français sont déjà présents sur le marché indien, en Indonésie leur présence reste limitée ;
  • La Chine offre également des opportunités aux entreprises, surtout du fait de son retard en matière de savoir-faire technologique. 7 des 10 plus grands ports à conteneurs mondiaux se trouvent en Chine et 50% des brevets de smart port y sont déposés ;
  • La Corée du Sud complète enfin le groupe des leaders. Elle profite surtout de ses entreprises industrielles mondiales qui permettent des innovations sur le secteur des smart ports et smart ships.

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