Depuis la crise de 2008, le marché automobile traverse une situation complexe. Pour autant, les acteurs français résistent.

Fanny Ligier, Conseillère Référente Mobilité & Logistique chez Business France, décrypte la situation et explique pourquoi l’export est une opportunité à saisir.

Le marché automobile : un secteur en restructuration

Depuis une décennie, le secteur automobile se restructure. Crise financière de 2008, crise du Covid, hausse du prix du pétrole causée par la guerre en Ukraine, défi à long terme du changement climatique et de la transition écologique, le secteur doit également prendre en compte les délais nécessaires au développement d’un véhicule.
Dans ce contexte de transition pour le secteur automobile, des entreprises françaises sont placées dans certaines niches et parviennent à trouver leur place grâce notamment à l’innovation.

Les tendances et innovations du secteur

Les défis technologiques et environnementaux, couplés aux exigences réglementaires qui s’accentuent, en particulier en Europe, pousse le secteur automobile à innover sur deux thématiques majeures : la décarbonation et l’automatisation des véhicules.
Pour répondre à la décarbonation, l’industrie ralentit progressivement la construction de véhicules thermiques pour privilégier les véhicules hybrides ou entièrement électriques, et travaillent sur des solutions à l’hydrogène. Cette transition est à nuancer car le développement de ces projets est freiné par des prix encore trop élevés pour les usagers. A cela s’ajoutent le manque d’infrastructures de recharge et l’impact environnemental de l’électrique (extraction de terres rares, problème de recyclage des batteries) et de l’hydrogène (les émissions carbones réelles émises lors du process de fabrication de l’hydrogène font débat).
Concernant l’automatisation, cette innovation est notamment poussée par les grands acteurs de la technologie comme Amazon et Google mais est toutefois ralentie par des ajustements réglementaires nécessaires pour mieux encadrer cette pratique.

Une restructuration et de nouveaux acteurs

Ces nouvelles tendances bousculent le marché automobile. Les grands groupes traditionnels, dont dépend tout un secteur d’équipementiers de deuxième, troisième ou quatrième rang, doivent se réinventer pour rester dans la course face à des marchés de niche qui se multiplient : d’un côté, l’activité de ces équipementiers est menacée par la disparition du moteur thermique, de l’autre, de nouveaux acteurs profitent de ces tendances récentes pour entrer sur le marché.
C’est le cas de grands acteurs de l’énergie, comme Air Liquide, et de plus petites structures qui proposent des solutions innovantes et décarbonées comme la startup Lightyear, fabricant de véhicules électriques solaires en Hollande.
D’autres viennent du secteur technologique et deviennent des incontournables en promouvant des solutions d’autonomie et d’automatisation. Les grands groupes technologiques américains viennent alors concurrencer les constructeurs français historiques en termes de capital et d’innovation. Afin de continuer à innover, ils investissent dans des startups et signent des partenariats avec des grands groupes automobiles leur permettant de rester leaders sur des segments tels que l’info-divertissement.

innovation dans le marché automobile

Les forces du secteur français

Le secteur français se démarque par des constructeurs traditionnels expérimentés comme Renault, Peugeot et Citroën dont le savoir-faire, le réseau et la réputation sont des enseignements pour tous nouveaux acteurs. Ces grands groupes ont réussi ces dernières années à former des alliances stratégiques, comme en témoignent les partenariats Renault-Nissan-Mitsubishi et le groupe Stellantis, fusion du groupe PSA et de Fiat Chrysler Automobile (FCA). D’autres se diversifient dans leurs activités, comme Michelin qui se lance sur le marché de l’hydrogène.
Aussi, le poids de l’innovation est conséquent. Nombreux sont les exemples de success stories françaises, en particulier sur le marché américain, aux côtés des GAFA et des startups de la Silicon Valley. C’est le cas de Navya et Easymile, deux pionniers désormais champions de la navette autonome, ou encore plus récemment Lohr et Milla Group.
Pour se démarquer, les entreprises françaises sont donc encouragées à continuer d’apporter des solutions innovantes, à des prix attractifs et de trouver de nouvelles destinations où exporter pour trouver de nouveaux clients.

Les marchés à privilégier pour exporter

Cette restructuration du marché est donc l’opportunité pour les entreprises françaises de trouver de nouveaux marchés de vente. Chacun a sa particularité et il est important de les considérer pour réussir son export.
Pour les entreprises innovantes, les marchés nordiques où l’électrique et les véhicules connectés sont déjà bien développés, sont particulièrement intéressants. L’Allemagne, très attractive, est par exemple un marché cible. Toutefois la concurrence y étant rude et la pratique de la langue allemande souvent une nécessité, c’est un pays où se démarquer lorsque l’on est prêt à affronter la concurrence avec un fort produit innovant. A noter également qu’un ensemble de mesures politiques avantageuses au niveau européen a permis à l’Europe de se placer en première position des véhicules électriques immatriculés en 2020, la Norvège étant la plus avancée avec la moitié de sa flotte à l’électrique. 25 des 27 pays de l’Union européenne ont mis en place des plans de financement de véhicules électriques ou hybrides, et l’Union européenne débat d’une interdiction de vente de véhicules thermiques en 2035.

Aux Etats-Unis, la Californie est souvent perçue comme un laboratoire pour les nouvelles technologies et est un marché très en avance sur les thématiques d’autonomie des véhicules et de décarbonation. Le poids de l’innovation des entreprises françaises a permis à de nombreux acteurs de s’y implanter ces dernières années, en créant un réseau qui pourra permettre à d’autres entreprises de suivre.
Depuis la crise du Covid, le proche export est toutefois privilégié car il limite les longs déplacements et offre des zones attractives pour les acteurs de l’automobile traditionnelle. Les pays d’Europe de l’Est, comme la Pologne ou la Roumanie, sont des marchés intéressants où des entreprises françaises se sont déjà implantées. Cela s’explique par la présence de grands acteurs mondiaux de l’automobile et d’une large main d’œuvre dans le secteur, même s’ils ne sont pas encore très avancés sur les véhicules électriques.
Enfin, les marchés du Maghreb sont également prioritaires à l’export pour les entreprises françaises, comme le Maroc où Renault s’est implanté et créant ainsi un pôle automobile important. Le partage d’une langue commune permet surtout aux petites entreprises qui n’ont pas de division dédiée à l’export de s’y établir plus facilement. Ces régions étant encore marquées par l’automobile traditionnelle, s’y implanter permet de garder un marché d’export le temps de restructurer sa production vers les nouvelles tendances.

Les événements Business France

Pour soutenir les entreprises dans leurs missions d’export, Business France propose un accompagnement personnalisé, des mises en relation avec des donneurs d’ordre, des informations en libre accès et sera présent sur les évènements suivants pour vous rencontrer.
L’exposition Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas est devenue l’un des salons les plus importants du secteur où sont notamment dévoilées les nouvelles innovations mondiales. Présent déjà cette année, Business France tiendra également un stand en janvier 2023, rassemblant plusieurs entreprises françaises.
D’autres salons de l’automobile sont à considérer. Pour la zone d’Europe Centrale et de l’Est, le French Digital Automotive Meeting s’est tenu en avril 2022.
En Norvège, les véhicules électriques ont été mis à l’honneur et exposés lors du Congrès mondial EVS 35 du 11 au 15 juin 2022.
Business France a également mené une Business Expedition dédiée à l’hydrogène au Royaume Uni les 21 et 22 juin 2022.
Enfin, l’exposition traditionnelle Automechanika du 13 au 17 septembre 2022 en Allemagne dédiée cette année à la recharge et à l’aftermarket.

Pour plus d’informations sur ces rencontres, contactez Business France !

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